Mes troubles alimentaires, mes meilleurs ennemis

Ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas publiée d'article sur mon blog..quel plaisir de le retrouver, et de te retrouver ! J'ai du en perdre quelques une sur la route, au vu de ma longue absence, mais j'espère que mes plus fidèles lectrices seront quant-à-elles toujours là, à mes côtés. 

J'ai décidé de reprendre le blog ne plus écrire me manque, et au vu de la situation en France avec le Coronavirus, je n'ai plus d'excuses, alors me voilà à mon clavier.

Je reviens avec un article pas des plus joyeux, mais à vrai dire, il me tient à cœur. 

C'est un article qui me prends aux tripes. Il est bien caché au fin fond de mes brouillons depuis un peu plus d’un an. C’est un peu comme un article secret, mon secret. Celui que je ne voulais pas te partager, que je ne voulais pas te dévoiler. Par honte et par dégoût, parce que t'ai menti. Oui, je t'ai menti parce que je t'ai déjà parlé de ma perte de poids sur les réseaux, en te disant que j’avais fais un rééquilibrage alimentaire, et beaucoup de sport. Ce qui est totalement faux. J’en ai honte, et je m'en excuse même. Mais ça a été quelque chose de lourd à porter tout ce temps pour moi, comme un poids que j'ai besoin de relâcher et d'exprimer. C’est quelque chose dont je ne me voyais pas parler ouvertement, mais avec le temps, je me rends compte qu'il faut en parler, parce que c'est un sujet qui reste assez tabou et dont les gens ont tendance à trop prendre à la légère. Mais aujourd’hui, je me sens un peu mieux dans mon corps et mon esprit, et je me sens prête. Prête à partager avec toi mon plus gros secret, mon auto-destruction. 

Je veux aussi que tu saches que si j’ai décidé de publier cet article, c’est aussi pour pouvoir permettre à des personnes comme moi de se sentir comprise, entendu, épaulé, et aidé. Pour leur montrer qu'elles ne sont seules, que je suis là, même si ce n'est pas grand chose. Parce que je sais à quel point on se sent seul et incompris dans ces moments là, et à quel point avoir du soutien est primordial. Alors je veux parler de mon parcours, avec toi, à cœur ouvert.

Je tiens aussi à préciser que je ne suis ni médecin, ni psychologue. Je souhaite seulement parler de mon expérience à moi, sans qu’elle puisse porter préjudice à qui que ça soit, de la façon dont je l’ai vécu, et dont je la vis encore. Je tiens aussi à préciser que je ne suis pas un exemple et qu’il ne faut absolument pas se servir de ce que j’écris comme conseil, parce que c’est une mise en garde, et seulement une grosse mise en garde.


Mon rapport avec mon corps et la nourriture


Mes troubles alimentaires ne date pas d’hier. Je n’ai jamais eu un très bon rapport avec mon corps, et surtout avec la nourriture. Je suis depuis toujours très gourmande, jusque là, rien d’anormal. Comme la plus grande majorité d’entre nous, j’adore manger. Une tablette de chocolat, une bonne pâtisserie, un bout de fromage. Mais j'ai un soucis, et ce n'est pas la gourmandise. Mon soucis à moi, c'est que j’ai aussi toujours été une personne de nature très angoissée, trop. Stressée, hyper sensible et qui a toujours tout pris à cœur. Trop. Et j’ai toujours su trouvé tout le réconfort que je recherche dans la nourriture. Quelque par aussi pour me rassurer, m'apaiser, me soulager.

J’ai toujours eu cette fâcheuse tendance à confondre la notion de plaisir et celle de manger avec celles du dégoût et de se goinfrer. Bien que j'adore manger, je n'ai jamais trop pris de plaisir durant mes repas. Les premières bouchées sont toujours un pure plaisir, puis ensuite, le dégoût prends le dessus, parce que je ne sais jamais trop m'arrêter et contrôler mes pulsions. Manger à en avoir mal au ventre n'est pas un plaisir. Manger à en exploser n’est pas un plaisir. Manger à s'en dégoûter n'est pas un plaisir. Manger à en vomir n’est pas un plaisir. Manger à en avoir la sensation de mourir l’est encore moins.. Les mots sont durs, mais ce sont mes maux.. 

Mon rapport au corps n’a lui aussi jamais été facile. Je ne me suis jamais réellement aimé, mais j’y travaille énormément de jours en jours, parce que je n'aime pas la situation dans laquelle je suis. Je n'aime pas ne pas m'aimer. Je n'aime pas me dénigrer. Mais j'ai constamment tendance à me comparer aux autres, à trouver les femmes toutes plus jolies les unes autant que les autres, et à me trouver moins bien face à elles. Pas très jolie, pas assez intelligente, pas vraiment intéressante non plus. Je me suis trop souvent détestée, moi, mon image, et ce que je reflète. Physiquement, comme tu l'auras compris, c’est très compliqué. Mentalement aussi, mais moins. Alors j’essaie de me trouver des qualités un peu plus tous les jours, et même si elles sont peu nombreuses, il y en a de plus en plus, chose que je n’aurais jamais pensé dire il y a encore quelques mois en arrière, alors je suis vraiment fière de moi. 

Par exemple, j'adore mes cheveux, la couleur de mes yeux, et mes lèvres qui sont plutôt pulpeuses. J’aime aussi mes ongles, et mes sourcils. Ce ne sont que des toutes petites qualités physique, mais pour moi, ça veut dire que je m’aime au moins un tout petit peu, et ça me rassure. Mentalement, je trouve que je suis gentille, rigolote, et généreuse. Mais je suis maladroite, et je fais parfois du mal aux gens sans le vouloir. Par des actes ou des mots dit sur un trop plein de colère. Je ne pense pas toujours ce que je dis, mais j'ai un tempérament impulsif, et je ne contrôle jamais mes propos et le poids qu'ils peuvent avoir. Alors je culpabilise beaucoup et j'ai tendance à m'en vouloir. Je n'aime pas cette facette de moi. 

Les troubles alimentaires, une maladie ?

Selon les professionnels de sante, c'est une maladie. Mais moi, je refuse de l'entendre. Je déteste le mot malade. Moi, je considère mes troubles comme un handicap. Un handicap que je me suis infligé à un certain moment dans ma vie et qui me tient prisonnière. Pour moi, j'ai une perturbation du comportement, qui me bouffe la vie. 

J’emploie le mot handicap dans le sens où je ne vis plus comme tout le monde. Un repas en famille ou avec mes amis, une soirée au restaurant, une workshop au travail. Dès que j'entre en contact avec de la nourriture, personne ne le remarque, parce que je le cache, mais dans ma tête, tout deviens un véritable cauchemars. Ma tête se mets en off, et je perds le contrôle. Mon corps, mes bras, mes mains, et ma bouche le prennent à ma place. C’est comme ci j’étais là sans être là. J’assiste, impuissante, à mes actes qui deviennent ingérable, insupportable.



Le jour où tout à commencer…


C’était il y a plus d’un an et demi. Au mois de Septembre. J’ai pris beaucoup de poids durant mes deux années à Toulouse. Un mode de vie vraiment pas sain, énormément de fast food et mauvaise alimentation, trop de sorties, et d’alcool. J’ai pris une dizaine de kilos en deux ans, et je n’ai rien vu venir. Je plaisais aux garçons, je mangeais mais je faisais beaucoup de sport, mes études se passées bien, mon job étudiant aussi. Puis j’ai du arrêter mes études, et je suis retournée par la suite vivre chez mon père.

Tout allait bien, mais un jour, par simple curiosité, j'ai pris ma balance, et je me suis pesé.

J’ai commencé à me faire une fixette sur mon poids. Je ne sais même pas pourquoi, parce qu'à ce moment là, j'allais très bien. J'avais pris 10k, certe, mais j'étais loin du surpoids. Ce n'était pas alarmant, il me suffisait juste de faire une petite remise en forme et tout aurait pu repartir de plus bel. Mais non. Les choses se sont passés autrement. L’été est passé, et j’ai commencé à me remettre au sport avec ma sœur deux fois par semaines. J'ai perdue 3kg en 1 mois, et en mangeant normalement. J'ai pris de plus en plus goût au fitness, mais surtout, à la perte de poids. C'était devenu une obsession. Alors j’ai continué les cours de fitness, et arrêté de me nourrir le midi. Je ne m’alimentais plus qu’à base de barre Gerlinéa, tout en comptant mes calories. Je me suis interdit de dépasser la barre des 1200 calories par jours. Puis des 1000. Puis je suis tombée à 700 calories par jours. A savoir qu'un enfant en mange environ 1200 par jour..et que j'avais 22 ans. C'était grave, vraiment grave, mais mes kilos se sont envolés, tout seul, comme par magie. Je pensais avoir la solution, parce que je pensais contrôler la situation. Je ne mangeais pas, mais une fois les 10kg de perdu, tout redeviendrais comme avant. Mais non. Mes 10kg se sont comme évaporé en très très peu de temps, et s'en m'en rendre compte, la situation n'était absolument plus sous contrôle. Mais ça ne m'a pas stopper. J’en voulais plus, toujours plus. J'avais un désir, un besoin d'atteindre la perfection. Alors que je sais, elle n'existe pas. Mais je ne sais toujours pas expliquer pourquoi je pensais comme ça... Mes proches ont commencé à remarquer ma perte de poids, et à m'en complimenter. Bien évidemment, personne n’était encore au courant que je ne faisais pas un rééquilibrage alimentaire mais que je ne m’alimenter quasiment plus. Mais quel bonheur pour moi, qui n'avait pas confiance en moi, d'entendre dire de mes proches "ça te vas bien comme ça". Mon estime, c'est elle qui a prit le dessus à ce moment là. Ma sentir valorisée. Quel bonheur...mais quel malheur aussi.

Plus on me disait que j’avais perdue du poids, plus je retrouvais confiance en moi. Mais seulement face aux gens. Je savais aussi pertinemment que me sous alimenter n’était pas une solution possible sur le long terme, parce qu’en me ré alimentant correctement, je reprendrais le double de tout ce que j’avais perdue, soit 13kg au total, soit beaucoup plus que mon poids de base. Alors j’ai commencer à me ré alimenter le midi, mais dans des petites assiettes à dessert, pour manger seulement des toutes petites portions. Puis des aliments, comme le fromage, que j’adore plus que tout, ont naturellement été banni de mon alimentation. Le chocolat, les gâteaux, l’huile, et même la vinaigrette dans ma salade. Tout ce que j’aimais été devenu mon pire cauchemar. Pour moi, c’était synonyme de prise de poids. Aujourd’hui encore, je suis encore incapable de manger de la crème fraîche, des yaourts au chocolat, et encore pleins d’autres aliments..

Puis un jour, mon corps à dit stop. Stop, ça devenait trop dure à supporter pour lui. J’étais mince, alors ça oui, j’adorais même mon corps. Plus de formes, plate, creusée, pâle, fatiguée, mais j’étais mince, et c’était tout ce que je voulais. Pourtant, je n'ai jamais été aussi malheureuse de toute ma vie. Contradictoire je sais... Mais mon apparence passée avant tout à ce moment là. Sois belle, et tais toi, c'était un peu ça...Pourtant, je trouvais que certaines femmes avec des formes étaient magnifique, mais moi, je voulais être mince, et c'était tout. Et encore une fois, je ne l'explique pas...

Mon corps été épuisée, à bout de force. Au travail, mon équipe a commencé à le ressentir. Elles ont été les premières personnes à avoir été au courant, et à m'avoir soutenue. Pensant avoir de l'aide, soulagée de pouvoir en parler enfin, et avec l'espoir de pouvoir m'en sortir, mon corps en avait lui, décidé autrement. Mon anorexie mentale a laissée place aux crises de boulimies. Plus aucuns contrôle. Aucuns. 

La transaction a été rapide. J’ai commencé par dévaliser des rayons de supermarchés, en prenant de tout et n’importe quoi, dans le seul but de m’empiffrer, au plus vite. Les dimanches, je prenais tout ce que j'avais dans mes placards, à en faire des mélanges improbable. Je me sentais comme possédée. Difficile à expliquer. Mais c'est ici que comme je t'ai dis plus haut, il n'y a jamais eu une seule fois la notion de plaisir. Une fois la crise passé et le ventre en miette, j’allais vomir. Comme par automatisme. Mange, mais vite, vide toi. Si je n'arrivais pas à vomir, je prenais des laxatifs, encore une fois, excessivement. J'ai commencé à développer des techniques improbable pour me vider plus vite, plus facilement, et surtout, pour ne plus rien garder en moi du tout. Je n'avais plus peur de vomir, j'en avais le besoin. Ma gorge devenait de plus en plus sèche, mon cou enflé. Ma peau déshydrater, mes joues gonflées. Mes dents me faisaient terriblement mal. Mes yeux rouge, presque inondé. Mon regard toujours plein de désespoir. Mes cris, mes pleurs, ma dépression. Mon appel à l'aide. Ce passage est vague, mais ce passage me fait honte...

Mon poids s’est stabilisé, et je n’ai plus perdu un gramme. Une frustration énorme s’est emparé de moi. Je pense qu’à ce moment là, mon corps m’a juste alerté de la gravité de ce que j’étais en train de faire. Mais j’ai perdue le contrôle. Je n’étais déjà plus maître de moi et de mes actes. Je n’ai jamais voulu être cette putain de boulimique.


Un pas vers la guérison…


On m’a souvent parler de manque de volonté, de ma non envie à m’en sortir. On m’a souvent dit que je vivais à travers mes troubles alimentaires et que j’étais bien comme ça. Alors j’ai été voir une psychologue, j’ai eu un suivi. Et il s’avère, parce que même si j’ai honte de le dire, je vais le dire.. il est vrai qu’à un moment durant cette longue période, oui, je vivais à travers eux et je voulais m’en sortir sans trop m’en sortir. Mais ça aussi, ça n'a été qu'une période parmi pleins d'autres.

Aujourd’hui, je vois les choses autrement. J'écris tout ça, parce que je ne suis pas guéri, mais je me sens beaucoup mieux. Les séquelles sont toujours là, la privation et la perte de contrôle aussi. J’ai des périodes de rechute, mais elles sont de moins en moins nombreuses. Mon poids s'est enfin stabilisé. J'ai peur de reprendre du poids, mais je fais attention à ce que je mange, comme une personne normal. Du moins, j'essaie. J’ai retrouvé des formes, mes petites joues, mais surtout mon sourire et ma joie de vivre. Les jours ne sont pas tout les jours tout beaux, j'ai toujours cette petite voix que je déteste dans ma tête, mais je redeviens maître de ma vie petit à petit.

Je pourrais écrire encore et encore sur le sujet, mais ça serait trop long. Je serais en revanche ravie de partager avec des personnes qui sont touché par des troubles alimentaires, ou pas d'ailleurs aussi.

Merci pour ta patience à m’avoir lu. Et si tu te sens touché, parle en, ne garde pas tout en toi... c'est important.

En écrivant cet article, je pense à un petit bout de femme que j'ai rencontrée sur les réseaux. Elle était pleine d’amour et pleine de vie, mais l’anorexie n'en a fait qu'une bouchée. Je pense toujours à toi.

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